L'herbe et le canapé ...
L’herbe et le canapé
Depuis bien longtemps, l’herbe est lasse, désespérée et oubliée, dans sa cage de verre.
Sans eau, sans nourriture, elle végète péniblement et commence sérieusement à pâlir.
Elle l’avait bien remarqué ce canapé, enfermé lui aussi, oublié également, mais elle n’osait l’accoster.
Il l’impressionnait ; elle le sentait si haut par rapport à elle, si grand … et son aspect flétri l’intimidait énormément.
Mais un jour, elle ne tient plus et l’accoste : « Canapé, excusez moi, j’aimerais savoir si vous seriez d’accord pour que je vienne me reposer, m’installer un peu plus confortablement sur vous ? »
Le silence brisé … Le canapé ne comprenait pas. Une voix ? on lui parlait ? Il pensait que cela provenait du bruit du vent et qu’il avait fabulé.
Après un rapide coup d’œil dans son enclos, il compris que c’était l’herbe qui avait prononcé ces paroles, avec des yeux qui imploraient la pitié.
- Oh Herbe ! enchanté d’entendre le son de votre voix. Mais permettez moi, nous sommes logés à la même enseigne tous les 2, à savoir abandonnés dans cette verrière et sans autre âme qui vive … donc si vous n’y voyez d’objection, tutoyons nous ! »
- Aucun problème Canapé. M’en voilà fort heureuse. Merci beaucoup !
- Parfait ! Ah oui, il est vrai que tu me parais bien pâlotte ! Debout depuis si longtemps ici et sans ressources alimentaires, tu dois être bien fatiguée !
- Oh oui ! A travers les vitres je regarde mes amies qui font de la cour un véritable gazon, elles ont leur eau et nourriture mais moi rien … J’aimerais tant pouvoir faire comme la chèvre de monsieur Seguin si tu savais !
- Ah oui je comprends … mais tu vas avoir du mal à réaliser ce rêve. Tu ne pourras jamais ouvrir la porte de la verrière, même si tu essayais de sauter, tu n’y arriverais pas. Et moi je suis si lourd et si vieux, que je ne saurais me hisser vers la porte pour te donner la possibilité de prendre un peu plus de hauteur pour atteindre la poignée.
- Nous voilà donc oubliés ici à jamais ! Qu’allons nous devenir ?
- Ben déjà nous voici amis. Notre amitié va nous donner une force supplémentaire.
- Tu ne rêves pas toi de retourner dans un salon, entendre rire des enfants, revivre des soirées animées et heureuses devant la cheminée ?
- Si bien sûr … mais tu as vu comme je suis sale, vieux, fripé et même scotché ! ah j’ai perdu toute ma beauté, mon côté snob que j’avais il y a bien longtemps et qui me valait des compliments. Mais suis-je bête ! J’avais oublié ta question première ! Tu es fatiguée Herbe, donc oui, bien sûr, viens sur moi. Escalade moi, installe toi confortablement et de tes brins viens m’enlacer. Nous allons faire de ce lieu oublié une belle histoire d’amitié qui se finira même par une belle histoire d’amour. (© LSM)